Les Tweets de Trump -1-

Une escalade dans les tensions aux Etats-Uni

Généralement, il existe deux manières de voir la présence des hommes politiques sur les réseaux sociaux. D’une part, une vision positive qui considère que les réseaux sociaux ont permis aux représentants d’être proches de leurs électeurs et de favoriser l’échange entre ces deux acteurs, D’autre part, les réseaux sociaux sont perçus comme étant des éléments nuisibles à la démocratie car les pratiques des gouvernants sur les réseaux sociaux les éloignent des gouvernés. Aux Etats-Unis, le président Trump opte plutôt pour la première vision car ce dernier mène une stratégie de communication qui ne dépend pas du parti, mais plutôt des réseaux sociaux en particulier Twitter.

Face aux émeutes raciales qui se déroulent aux Etats-Unis, le président américain Donald Trump ne cesse de jeter de l’huile sur le feu en provocant les sentiments des manifestants appelant pour la justice et l’égalité. Certes, la fracture raciale américaine ne remonte pas à la présidence de Trump, vu la préexistence d’un certain nombre des événements historiques qui renforçaient cette fracture, mais, au lieu de diffuser un discours unificateur, Trump a opté pour la ligne dure en incitant pour la violence.

L’objectif de cet article est d’analyser l’activité de Trump sur le réseau social Twitter vis-à-vis des manifestations raciales aux Etats-Unis qui ont vu le jour après la mort de George Floyd. De même, cet article a pour vocation de comprendre l’adhésion de la catégorie blanche aux Etats-Unis pour soutenir les manifestants noirs.

Dans cette optique, il est légitime de se demander comment l’usage de Twitter par Donald Trump a conduit à une escalade des tensions aux Etats-Unis? En quoi consiste cette escalade des affrontements? Face aux Tweets de Donald Trump, quelle a été la réaction des autres hommes d’Etat américain? Quelle est l’importance des deux dimensions : émotions et corps dans ces émeutes raciales? L’hypothèse que nous proposons dans le début de cette recherche est la suivante : Donald Trump connu pas son impulsivité, sa rhétorique raciste a opté pour des Tweets violents vis-à-vis des manifestants. Par conséquent, ces protestataires – noirs et blancs- ont eu recourt à l’agressivité.

Pour répondre à la problématique posée au-dessus, il compte tout d’abord de mettre en exergue la manière dont Trump a géré les manifestations pour la cause de G Floyd et de mettre, également, l’accent sur les réactions des autres hommes d’Etat américain face aux Tweets du président des Etats-Unis. Ensuite, il est crucial d’analyser ces protestations en tenant en compte des deux dimensions : les émotions comme étant décisives à la prise de décision et le corps –noir et blanc- comme le seul foyer ayant cette possibilité de se mettre en scène.

I- Twitter de Trump : manifestations et réactions.
1- Les Tweets de Trump face aux manifestations: une mise du feu aux poudres.

Donald Trump, qui a confirmé que sans les réseaux sociaux, en particulier Twitter, il n’aurait probablement pas été élu, s’est mis cette fois-ci, dans une situation si gênante en mettant un Tweet provocateur et raciste face à des émeutiers pour la cause de G. Floyd. Tout s’est passé le 25 Mai 2020 où George Floyd fut arrêté par un policier blanc -Derek Chauvin- qui gardait le genou sur le cou de Floyd pendant de longues minutes (8min :46s). Ce dernier a cruellement rendu l’âme après avoir été transporté à l’hôpital de Minneapolis.

Si rapidement, de nouvelles vidéos, semblent circuler sur les réseaux sociaux, en mettant en scène et en dénonçant les conditions meurtrières qu’a vécues George Floyed à cause de l’acte inhumain de la police. L’histoire tragique de ce noir américain a attiré la sympathie de la population américaine qui s’est vite mobilisée pour contester le racisme aux Etats-Unis. Un racisme prétendant la suprématie de la race blanche sur celle du noir.

Généralement, Donald Trump est connu par son non-respect du protocole politique en faisant des réseaux sociaux en particulier Twitter un espace où il peut transmettre des messages politiques violents et brutaux. Des messages surtout adressés aux candidats, aux journalistes, et aux personnalités publiques.

Face à la situation des émeutes et des manifestations qui ont éclaté dans un certain nombre d’Etats pour la cause de George Floyd, Trump s’y est violemment attaqué en disant «Ces VOYOUS déshonorent la mémoire de George Floyd, et je ne laisserai pas faire cela. Viens juste de parler au gouverneur Tim Walz et lui ai dit que l’armée est à ses côtés tout du long. Au moindre problème, quand les pillages démarrent, les tirs commencent. Merci!».

Cette expression prise de Walter Headley qui avait déclaré en 1967 que Miami n’avait pas de problèmes avec les émeutes raciales car lorsque les pillages démarrent, les tirs commencent a amplement mis du feu aux poudres aux Etats-Unis en conduisant les manifestants de se lancer davantage dans ces contestations contre le racisme et la violence aux Etats-Unis. D’ailleurs, ce tweet a été signalé par Twitter comme étant un tweet qui « a enfreint les règles de Twitter relatives à la glorification de la violence. Toutefois, Twitter a déterminé que sa disponibilité peut présenter un intérêt pour le public».
Certes, Trump a promis de rendre justice à la famille de la victime, mais il n’a ni mis l’accent sur les transgressions policières aux Etats-Unis contre les noirs, il n’a ni promis son peuple de ne pas reproduire l’expérience de G. Floyd, il n’a ni mis l’accent sur la manière dont le système policier et judiciaire peuvent être réformés.

L’absence d’un message unificateur et rassembleur, le manque d’une promesse ou d’un acte du président, voire, la provocation des sentiments des manifestants dans tels moments de crise de la part de Trump mène les foules à continuer de se manifester jour après jour. Ainsi, comme étant le président des Etats-Unis qui est supposé calmer les hostilités populaires et de les apaisées, Trump les a, au contraire, entrainées.

Dans ce cadre, les protestataires américains accusent Donald Trump de n’avoir rien fait pour mettre fin aux violences policières contre, surtout, les noirs. Ces manifestants se sont allés jusqu’à la maison blanche pour mettre en scène leur colère vis-à-vis de leur président. En réponse à ces manifestations, Trump le 30 mai a twitté « Grande foule, organisée professionnellement, mais personne n’a failli franchir la clôture. S’ils l’avaient fait, ils auraient été accueillis avec les chiens les plus vicieux et les armes les plus inquiétantes».

Ces propos de Trump sur Twitter vis-à-vis des manifestants pour la cause de George Floyed, démontre la manière dont Trump sort du protocole politique en incitant pour la brutalité et la violence. En fait, cela met en exergue la réalité selon laquelle Trump, qui est censé corriger la bavure policière vis-à-vis de G. Floyd, renforce l’aberration des agents du maintien de l’ordre en menaçant les protestataires de déployer les forces de l’ordre s’ils avaient franchi la clôture.

Il est curieux de constater que les commentaires de Trump sur les manifestants pour la cause de Floyd sont en contraste avec la façon dont il a appelé les autres dirigeants du monde à répondre aux troubles civils. Le 14 août 2019, Trump a twitté en demandant au président de la Chine Xi Jinping d’opter pour le dialogue au lieu de la violence pour résoudre leur problème, « j’ai ZÉRO doute sur le fait que si le président Xi veut résoudre rapidement et humainement le problème à Hong Kong, il peut le faire», Les protestants de l’Iran n’ont pas aussi échappé aux Tweets de Trump qui a twitté le 12 janvier 2020, en écrivant « NE TUEZ PAS VOS PROTESTANTS». Ce constat qui montre la contradiction dans les attitudes et les positions de Trump, révèle également la réalité selon laquelle Trump s’est pris pour la personne pacifique face aux manifestations dans les autres pays « adversaires » alors que lorsque les manifestations ont eu lieu dans son pays, il a fait dévoiler sa vraie version violente et brutale.

2- Les Tweets de Trump : de la critique des hommes politiques et des hommes du maintien de l’ordre

Le Tweet de Donald Trump a créé du débat au sein de la société américaine. Ainsi, l’ancien vice-président et candidat démocrate, Joe Biden, a exprimé sa tristesse et son malheur dans un discours le 29 mai 2020 vis-à-vis des conditions meurtrières dans lesquelles George Floyd est mort en remettant en cause le Tweet du président Trump adressé aux manifestants. Biden a dit que “ce n’est pas le moment pour les tweets incendiaires, ce n’est pas le moment d’encourager la violence. Il s’agit d’une crise nationale. Nous avons besoin d’un vrai leadership en ce moment». A l’encontre de Trump, Biden a déclaré qu’il est “temps pour regarder attentivement les vérités inconfortables“, appelant à une réforme de la police.

Après le Tweet de Trump dans lequel ce dernier a menacé d’utiliser l’armée comme un moyen d’étouffer les troubles provoqués par la mort de George Floyd, le chef de la police de Houston Art Acevedo, lors d’une interview donnée à CNN, a pareillement adressé un message au président américain. Il a dit « au nom des chefs de police de ce pays, si vous n’avez rien de constructif à dire, gardez la bouche fermée…Il ne s’agit pas de dominer, il s’agit de gagner des cœurs et des esprits. Et soyons clairs, nous ne voulons pas que les gens confondent gentillesse et faiblesse, mais nous ne voulons pas que l’ignorance ruine ce que nous avons ici à Houston

Le secrétaire de la Défense, Mark Esper, a également déclaré qu’il s’opposait à l’utilisation de l’armée américaine pour calmer les troubles intérieurs dans une rupture avec le président Donald Trump qui a menacé de déployer des troupes fédérales pour dominer les rues. Par conséquent, Esper n’a pas bien accueilli l’idée d’utiliser les troupes pour réprimer les manifestations aux États-Unis car, selon lui, les Etats-Unis sont le foyer des libertés et droits.

À suivre…
Deuxième partie

Les Tweets de Trump

إكرام الحسناوي

سنة ثانية ماستر في شعبة العلوم السياسية بجامعة محمد السادس ببنجرير

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